Les conseils d’Emmanuel Guigou

Emmanuel Guigou, pilote Renault Sport sur Mégane RS N4 en Championnat de France des Rallyes, succède ainsi à Nicolas Lapierre et Loïc Duval dans le rôle de l’interviewé. Il vous livre ses conseils auto et les secrets de son équipement…

 

Emmanuel Guigou

LPA : Manu, comment s’est déroulé ton début de saison ?

Emmanuel Guigou : J’ai cette année une nouvelle auto, la Mégane N4, et un nouveau copilote. Cela nécessite donc un petit temps d’adaptation, mais les premiers rallyes se sont très bien passés. Nous terminons 2e du Groupe N au Rallye du Touquet, alors que la voiture venait d’être assemblée en dix jours, puis nous signons un Scratch en Régional, au Rallye de Pontarlier. Au Lyon-Charbonnières, nous étions 6e du général, derrière trois WRC et deux Porsche, avant de connaître un problème d’embrayage. Globalement, c’est un lancement plutôt encourageant !

LPA : Quelles sont les grandes différences entre la Mégane N4 et la Clio R3 que tu pilotais l’an dernier ?

Emmanuel Guigou : Plus de couple et plus de puissance ! D’une manière générale, la Mégane est une auto plus rapide que la Clio. Nous allons plus vite en vitesse de pointe, avec environ 200km/h contre 170km/h auparavant. Elle est plus lourde, mais on ne ressent pas vraiment le poids. Comme c’est la première fois que je pilote une voiture à moteur turbo, j’ai dû modifier l’exploitation du moteur, mais cette auto est un régal !

LPA : Oreca-Store fête le mois du « High-Tech ». Quelle est selon toi la grande avancée technologique de ces dernières années ?

Emmanuel Guigou : Cela peut surprendre, mais d’un point de vue pratique je dirais le téléphone portable ! C’est incroyable comme cela nous facilite la vie au quotidien mais aussi en compétition ; les ouvreurs sont plus accessibles. Plus spécifiquement, je pense à l’évolution des pneumatiques, qui a été considérable. La qualité des pneus a sensiblement été améliorée. Les pneus PIRELLI que j’utilise aujourd’hui sont bien plus performants et endurants, et ils acceptent les contraintes générées par des châssis qui ont aussi beaucoup progressé.

LPA : Quelle est l’avancée que tu souhaiterais voir apparaitre dans le futur ?

Emmanuel Guigou : Pouvoir courir avec une voiture électrique dont les performances sont à la hauteur d’une voiture thermique. C’est ce vers quoi nous devons aller dans le futur pour continuer à faire de la compétition automobile. Je suis confiant à ce sujet !

LPA : Rentrons un peu dans le détail de ton équipement. Tu utilises des caméras embarquées et notamment la CAMSPORTS HDMax Motorsports TV.Quelle utilisation en fais-tu ?

Emmanuel Guigou : Ce sont avant tout des images d’archives, qui vont me servir pour les rallyes de la saison suivante. Avec la limitation des reconnaissances, c’est particulièrement utile. En parallèle, cela me sert de souvenir, personnellement, mais aussi à mes copilotes, amis ou partenaires. C’est toujours sympa de leur faire voir quelques minutes en caméra embarquée.

LPA : Pour un pilote amateur, est-ce également utile ?

Emmanuel Guigou : Oui je pense, et ce pour les mêmes raisons. D’abord car c’est en quelques sortes une séance d’entraînement, une session de reconnaissance. Ensuite pour les souvenirs. C’est toujours appréciable de revivre les bons moments passés dans la voiture et de les faire partager.

LPA : Dans un tout autre registre, es-tu un adepte de l’Alfano ?

Emmanuel Guigou : Je l’utilise régulièrement en karting. Normalement, l’ensemble des circuits sont équipés pour cet appareil. C’est très utilisé, que ce soit pour les chronométrages, mais aussi pour les relevés de température. Lorsque l’on roule seul, c’est vraiment très pratique puisque tout est mémorisé. C’est un outil indispensable pour progresser sur circuit.

LPA : Pour revenir au Rallye, quelle utilisation fais-tu des acquis ?

Emmanuel Guigou : Les acquis sont principalement destinés aux ingénieurs de Renault Sport, qui les récupèrent à chaque parc d’assistance. Ils peuvent voir si tout fonctionne parfaitement. Me concernant, cela me permet essentiellement de progresser au niveau de l’exploitation du moteur et de modifier ma façon de conduire si besoin est.

LPA : Toujours dans les équipements, as-tu un pyromètre ?

Emmanuel Guigou : Oui car il me permet de contrôler différentes températures : pneus, sols, échangeur… En essais, je vais contrôler la température de l’échangeur ou des pneumatiques. Je fais à chaque fois trois relevés : intérieur, centre et extérieur. C’est un outil essentiel pour les réglages, afin d’être certain que l’on exploite au mieux les gommes. En course, ce sont plutôt les ouvreurs qui l’utilisent. Ils me donnent ainsi des informations sur la température au sol.

LPA : En parlant de température, il fait parfois très chaud dans l’habitacle. Quel type d’habillement as-tu ?

Emmanuel Guigou : Je roule depuis de nombreuses saisons avec les gants, les bottines et les sous-vêtements Sparco. Pour les bottines, ce sont des « Slalom », homologuées FIA. Elles ont la particularité d’être « basse ». Cela m’offre plus de flexibilité au niveau de la cheville. Concernant les sous-vêtements, j’ai découvert la gamme X-Cool. On se sent plus « frais ». C’est appréciable lors des spéciales relativement longues et plus particulièrement au Rouergue lorsqu’il fait très chaud.

LPA : Concernant le cockpit, comment choisis-tu tes instruments ?

Emmanuel Guigou : En Rallye, les informations disponibles sur le tripmaster sont capitales. Il faut donc bien choisir son dispositif. Les modèles se différencient par leurs fonctionnalités ou encore leurs types d’affichage. D’un pilote à l’autre, les préférences varient et chaque marque a ses avantages. Je privilégie personnellement les fonctionnalités et le poids du matériel embarqué : j’ai d’ailleurs un « rappel » de ce que voit le co-pilote dirigé vers moi. La lisibilité est très importante. Enfin, la sensibilité des touches entre en compte. Si vous roulez sur asphalte, sur terre ou en rallye-raid, les contraintes seront différentes. Et les qualités requises également.

LPA : Et au niveau de la radio ?

Emmanuel Guigou : La qualité première de la radio, c’est l’écoute. En général, il me faut une radio relativement puissante avec un bon niveau d’acoustique. L’autre point, c’est évidemment le nombre de fonctions. J’utilise une FMT200 et je suis bien loti à ce niveau puisque je peux brancher mon téléphone et une caméra sur la radio. Cela me permet d’être en relation directe avec mon équipe, ou avec les ouvreurs avant le départ d’une spéciale.

Merci Manu !

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Mathias Jannequin

Auteur Mathias Jannequin

Passionné par le web, la photographie, et les voitures vintages ! Fondateur du blog Le-Pilote-Automobile.com, je partage la rédaction des articles avec plusieurs auteurs passionnés et/ou pratiquants du sport automobile amateurs et professionnels.

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