Le GT « Endurance » en plein boom !
Il y a encore quelques semaines, la catégorie GT destinée à l’Endurance (LM GTE comme l’appelle l’ACO) avait du plomb dans l’aile. D’un côté, le GT3 poursuivait un développement régulier depuis 2006. De l’autre, l’ACO et la FIA évoquaient l’étude d’une catégorie GT unique à l’horizon 2015. Oui mais voilà, entre temps plusieurs grands constructeurs ont annoncé le lancement de nouveaux modèles basés sur le règlement GTE. Un signe fort.
Rappel de l’histoire récente du GT…
Le Grand Tourisme, c’est l’histoire d’un cycle redondant. Les catégories naissent et disparaissent au gré des décennies. Il y a quelques années, une hiérarchie avait (presque) été établie : GT1, GT2, GT3 et GT4. Au programme, un développement techniquement et un coût d’exploitation progressif, du GT4 au GT1. Mais au fil des saisons, les grosses GT1 ont disparu, le GT2 est devenu le GTE, le GT3 a poursuivi son envol (y compris au niveau des budgets) et le GT4 n’a jamais vraiment décollé. Difficile de s’y retrouver dans tous ces changements, d’autant qu’une même base peut courir dans plusieurs catégories. L’Aston Martin en est le parfait exemple : selon sa motorisation (V8 ou V12), elle peut courir en GTE, GT3 ou GT4. Autre exemple, une Porsche GT3 RSR court en… GTE (anciennement GT2). Vous suivez toujours ?
Corvette lance les hostilités avec la C7.R !
Revenons à nos moutons et à la catégorie GT Endurance que beaucoup annonçait sur le déclin. C’était sans compter sur la volonté des constructeurs. C’est Corvette qui a dégainé le premier, annonçait lors du dernier Petit Le Mans le lancement pour 2014 d’une C7.R GTE. La question s’est donc rapidement posée : pourquoi développer un nouveau modèle pour 2014 alors que l’ACO et la FIA travaillent sur une nouvelle réglementation pour 2015 ? Réponse claire du patron du programme : Corvette a été surpris par l’annonce de l’ACO et de la FIA… mais a maintenu son choix. Une forme de désaveu pour les deux organismes réglementaires.
GT Endurance : Un message fort de la part des constructeurs…
Après Corvette, Porsche a mis son grain de sel. La firme allemande a officialisé la mise en piste d’une nouvelle 991 GT3-RSR, en 2013 via un engagement officiel, en 2014 pour les teams privés. Quand on sait que la 997 GT3-RSR court depuis 2007 (soit cinq années pleines), on se dit que Porsche ne lance par un nouveau modèle pour seulement deux saisons. C’était sans compter sur Aston Martin, qui a dévoilé récemment un vaste programme avec la Vantage, notamment en Amérique. Une nouvelle version sera présentée en février prochain… Et puis c’est enfin BMW qui, après avoir mis au garage la M3 E92, a décidé de construire une nouvelle Z4 GTE ! Corvette, Porsche, Aston Martin et BMW… Voilà que la catégorie GT Endurance reprend du poil de la bête. Et ce n’est certainement pas fini. Dodge a entamé courant 2012 un nouveau programme avec la Viper, dont les débuts aux 24 Heures du Mans sont attendus pour 2013. McLaren n’a pas caché sa volonté de développer une version GTE de la MP4-12C. Il ne manque plus que Lamborghini, Mercedes et Audi, Ferrari alignant toujours la 458 !
Les marques ont besoin du GTE !
Faut-il en demander plus ? Probablement pas. Avec une quinzaine de marques, le GT3 est effectivement dans une très bonne forme. Mais cette formule est majoritairement basée sur un système de compétition-client, avec des performances équilibrées artificiellement. Pour dire les choses clairement, les constructeurs voient en cette catégorie un moyen de vendre des voitures, de rentabiliser leur programme sportif et de faire un peu d’image de marque. Avec le GTE, la logique est clairement différente. Les vents sont moins nombreuses et la marge plus faible. En revanche, le développement technologique est plus important, tout comme l’image qui en est faite. Corvette est le roi dans cet exercice et axe toute sa communication sur son programme Le Mans. BMW North America utilise aussi son projet en GTE pour booster ses ventes sur le territoire étasunien. Pour résumer, les constructeurs courent en GTE en leur nom, au pire de manière semi-officielle, là où ils réservent le GT3 à des clients, Audi étant clairement une exception.
Le tableau du GT Endurance est-il tout rose ? Non. Avoir autant de marques représentées directement est toujours dangereux. Le lobbying est important et il est tentant pour les organisateurs de se laisser séduire. Or, cela a déjà commencé. La nouvelle BMW Z4 se présente déjà comme une voiture qui ira au-delà des limites du règlement. Il ne serait pas étonnant que Corvette ait aussi droit à son passe-droit (comme cela a été le cas avec le C6.R). Et il est probable que McLaren ira négocier quelques entorses ici ou là. Le risque est de tomber dans le piège du GT3, à savoir une balance des performances. Jusque très récemment, ce n’était pas le cas en GTE aux 24 Heures du Mans et cela donnait à la victoire une valeur d’autant plus appréciable : sportive, technique et non arbitraire.
Ces derniers temps, c’est une chose qui a eu tendance à évoluer et c’est bien regrettable. Tout ce qui est soumis à une équivalence artificielle est subjectif… et contestable. En offrant au GT Endurance un nouveau coup de boost, les constructeurs ont envoyé un signe fort. Aux législateurs de poser des bases saines pour que cette belle motivation ne soit pas sans lendemain…
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