Endurance : Vers le retour d’un match à trois (Audi, Porsche et Toyota) en 2014…
L’Endurance connait historiquement un succès cyclique. Selon les époques, les constructeurs sont en effet plus ou moins nombreux à s’engager aux 24 Heures du Mans. La discipline semble justement sur une bonne dynamique, matérialisée par la naissance du Championnat du Monde cette saison. Et l’arrivée d’un nouveau règlement en 2014 pourrait encore dynamiser le phénomène. Audi, Porsche et à moindre degré Toyota ont confirmé leur engagement. D’autres suivront peut être…
2014, le retour d’un match à trois ?
Depuis la folie de 1999 (Toyota, Mercedes, Audi, BMW et Nissan), l’endurance a souvent eu un visage à deux têtes. Avec une constante : Audi face à une autre marque… ou pas. On pensait revenir à une triplette en 2012, avec Audi, Peugeot et Toyota, mais la firme au Lion a finalement jeté l’éponge. Il faudra donc patienter encore un peu. 2014 très certainement Audi, Porsche et Toyota. Mercredi, lors de sa soirée annuelle, Audi Sport a confirmé l’étude d’un nouveau prototype correspondant à la réglementation 2014. Le constructeur, qui s’auto surnomme « le roi de l’endurance », poursuivra donc un engagement entamé en… 1999 justement. La R8, la R10, la R15 et la R18 auront donc une petite sœur chargé de défendre un statut pesant, celui de référence !
Audi vs Porsche : duel de cousins, opposition de philosophie !
En face, on retrouvera avec certitude Porsche, qui a annoncé depuis quelques temps déjà son retour dans la catégorie reine. Une première depuis 1998, année d’un doublé aux 24 Heures du Mans pour la firme de Stuttgart. Nous aurons donc trois à un duel entre deux marques du même groupe, ce qui était déjà arrivé pour Audi à l’époque de Bentley. Ces cousins, tout les oppose ou presque. Historiquement tout d’abord, puisqu’ils n’ont pas vécu la même trajectoire, y compris au Mans où Porsche a accumulé les succès à travers les décennies, là où Audi a été un boulimique de victoires en moins de quinze ans. Technologiquement ensuite. Audi est le pionnier du diesel, là où Porsche ne s’est résolue que tardivement à adopter ce carburant, tant il n’était pas dans les mœurs de ses plus fidèles clients.
L’impression se confirme sportivement. En effet, Audi face à Porsche, ce n’est pas une première : entre 2006 et 2008, les deux meilleurs ennemis s’étaient affrontés en ALMS et, dans une catégorie réglementairement inférieure, Porsche avait damé le pion à son voisin. La RS Spyder, modèle de finesse, était venue à bout du tank qu’était la R10. Cette opposition se matérialise enfin dans la construction du programme 2014. Audi s’appuie depuis des années sur Joest Racing, une équipe habituée aux joutes de l’Endurance, alors que pour son retour, Porsche recrute à tout-va en F1 ! Un point réunit toutefois les deux entités : l’hybride. Audi est un adepte du volant à inertie, une technologie que Porsche utilisait sur sa GT3 R en 2010 et 2011 ! En attendant de connaître précisément les choix techniques de Porsche, le duel s’annonce d’ores et déjà très intéressant.
Toyota hésite avec le rallye…
Le troisième larron devrait se nommer Toyota. De retour en 2012, les nippons ont séduit avec trois victoires en Championnat du Monde d’Endurance et un système hybride basé sur un super-condensateur qui a impressionné. Il reste à trouver la fiabilité sur 24 heures pour s’imposer au Mans. Présent en 2013, Toyota n’a pas caché sa réflexion sur la réglementation 2014. Comme Audi, on s’active donc du côté de Toyota Motorsport, entité basée en… Allemagne. Reste que le premier constructeur mondial est aussi tenté par le rallye et que si les deux programmes peuvent être menés de front, cela pèsera forcément dans la balance à un moment. Toyota est à la croisée des chemins : une technologie faite pour l’endurance mais une culture d’entreprise et des succès historiquement plus présents en rallye.
Quid de Nissan et Honda ?
L’affaire est à suivre de près, mais cette affiche à trois promet beaucoup sur le papier. Des technologies hybrides oui, mais certainement différentes, avec des philosophies différentes, et des histoires différentes. L’endurance tient là un beau scénario. Il pourrait être encore plus séduisant. Honda est présent de manière déguisée depuis quelques années, tant en LMP1 qu’en LMP2 via sa son département compétition américain HPD. La maison mère se décidera-t-elle en fin ? Sur le plan aérodynamique, elle peut s’appuyer sur Wirth Research, le bureau d’études qui a développé ses dernières montures. La vraie question, c’est la motorisation. Car si le V8 Honda est excellent, il faudra lui ajouter l’hybride pour gagner… et une vraie équipe d’usine. Honda aura-t-il les moyens, telle est la question !
La guerre des nippons pourrait avoir lieu. Car si Toyota et Honda s’affronte, on voit mal Nissan résister à l’appel. La marque est présente en tant que fournisseur en LMP2, avec un certain succès d’ailleurs. Cette présence se traduit sur le plan marketing avec une visibilité non négligeable. Mais la marche pour passer dans la catégorie reine est importante et Nissan ne s’est pas prononcé à ce sujet. Mystère donc…
Au milieu de ces grands constructeurs, les équipes privées se démènent. Si Rebellion Racing se « contente » d’être un team de course traditionnel, OAK Racing veut voir plus grand. Doté d’un bureau d’études, constructeur de châssis en LMP2, la structure de Jacques Nicolet a aussi avoué plancher sur un proto pour 2014. L’objectif est clair – séduire une grande marque pour financer le projet – mais terriblement difficile à mettre en pratique. Une piste peut mener à Honda, qui motorise désormais l’écurie française. Y-a-t-il d’autres possibilités ? Mystère tant les constructeurs sont frileux, l’arrêt de Ford ou Mini WRC en WRC ne fait que le confirmer.
Gageons que certains programmes s’étudient en sous-marin, comme c’est toujours le cas en sport automobile. Pourquoi pas Alpine, qui a évoqué des envies sportives, ou Lotus, qui semble vouloir s’engager un peu partout. Et finalement, tous les espoirs ne sont-ils pas permis pour l’endurance, discipline qui a le mérité de nécessité des budgets plus raisonnables qu’en F1, de proposer une vraie scène technologique et une épreuve mythique telle que les 24 Heures du Mans ? La vraie réponse est prévue pour 2014…
Laisser un commentaire